Rachel SAINT JULIEN Nul n’est sans savoir que le Vodou en Haïti suscite beaucoup de polémiques socio religieuses. Les religieux (Protestants et Catholiques) l’associent littéralement au mal. Or, que ce soit de manière imperceptible ou palpable, le vodou est omniprésent dans le paysage culturel haïtien, par ailleurs il est associé à la lutte de l’indépendance. Dans le quotidien haïtien, le vodou est utilisé en cachoterie par les super-religieux et publiquement par ses adeptes. En réalité, le secteur vodou est très galvaudé par certains pratiquants mal intentionnés et parsemé d’irrégularités indécentes. Par conséquent, ceci est très critiqué par ceux qui comprennent la nature saine et spirituelle du vodou. En effet, ces dernières années, au grand étonnement de tous, on constate de plus en plus de jeunes intellectuels s’adonner au vodou et déterminés de le défendre avec acharnement contre les détracteurs et ses pratiquants malveillants. C’est en ce sens que l’équipe de HAPPINESS COMMUNICATION rencontre aujourd’hui Dieuvela ETIENNE, l’initiatrice de « Le vodou autrement » sur facebook suivie par 56 milles personnes, à travers un entretien très instructif. Dans cet entretien, Dieuvela répondra à quelques questions importantes sur le vodou. Dieuvela vit au Canada et s’est définitivement consacrée à sa vie spirituelle afin de devenir ce qu’elle doit être. Elle intervient comme guide spirituelle au profit de nombreuses personnes qui viennent vers elle. Elle est une pratiquante du vodou loyale et sobre. Elle n’a aucune vie sexuelle depuis un bon temps.
1- Rachel: Bonjour Dieuvela, Comment allez-vous ?
Dieuvela : Bonjour Rachel – HAPPINESS COMMUNICATION. Je me porte à merveille, merci.
2- Rachel: Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de la Plateforme HAPPINESS COMMUNICATION s’il vous plaît ?
Dieuvela : Je suis thérapeute, enseignante et accompagnatrice spirituelle. J’ai une bonne expérience dans le domaine des arts de la scène. Je suis également auteure.
3- Rachel : Avant même d’aller plus loin dans notre « bat bouch », le vodou constitue-t-elle une religion ou une spiritualité ? Si c’est une spiritualité, comment pouvez-vous expliquer cette démarche ?
Dieuvela: Le vodou est une manière culturelle de vivre la spiritualité. Il est évidemment une spiritualité, la plus ancienne d’ailleurs car elle nous permet de nous connecter au divin, au monde invisible et des mystères.
4- Rachel : Pourquoi avez-vous fait ce choix socialement difficile ? C’est-à-dire pratiquer le vodou ouvertement, l’enseigner, pratiquer du Rara, jouer du tambour dans une société haïtienne où les droits d’aucun groupe ne sont pas respectés ?
Dieuvela : Je n’ai pas choisi le vodou, il m’a choisi. Ce que j’exerce fait partie de ma mission dans cette incarnation. J’ai quelque chose à apporter. Bien vu ou mal vu, je fais ce que j’ai à faire. L’essentiel c’est que je distribue de l’amour et de la bonne énergie dans ce travail culturel, artistique et spirituel.
5- Rachel : Selon vous, existe-t-il un rapport entre la spiritualité du vodou et la santé mentale d’un individu ?
Dieuvela : Selon moi il n’y a aucun rapport entre le vodou et la santé mentale. La santé mentale est plutôt liée à la psychologie, la psychanalyse. Le vodou est lié au recueillement de l’âme.
6- Rachel : Pouvez-vous nous dire pourquoi les « Chrétiens » haïtiens sont si amers, si intransigeants, si violents, si polémiques contre les vodouisants pourtant ces derniers ne les nuisent aucunement dans la pratique de leur foi?
Dieuvela : La plupart des chrétiens haïtiens manquent d’éducation, d’amour et de sagesse. Ils n’enseignent pas l’amour divin mais la division. Ils ont subi un lavage de cerveau.
7- Rachel : D’après ce qu’une Prêtresse Vodou nous avait confié, elle reçoit des Protestants, des Témoins de Jéhovah, des Adventistes à l’aurore du jour dans sa péristyle pour des consultations vodouesques afin de se mettre à l’abri des regards indiscrets. Qu’est-ce qui explique cette hypocrisie établie dans la société haïtienne ?
Dieuvela : La plupart des Haïtiens ont toujours été des marrons. C’est du marronnage (rires). Ils reconnaissent l’utilité du vodou mais ils ont peur du jugement négatif des autres.
8- Rachel : Devenir Vodouisant pratiquant, est-ce un appel ou un choix délibéré ou juste un effet de mode?
Dieuvela : Devenir vodouisant peut être tout ça : une vocation, un choix, un effet de mode. Pour moi c’est une vocation.
9- Rachel : Que déplorez-vous principalement depuis toujours dans le secteur du vodou haïtien ? Existe-t-il un cadre légal régissant la matière ?
Dieuvela : Ce que je déplore chez certains pratiquants du vodou c’est l’escroquerie, la méchanceté, la banalité et la médiocrité.
Non, malheureusement il n’existe pas un cadre légal régissant la matière.
10- Rachel : Le Docteur en sociologie Laenec HURBON a écrit un livre titre « Dieu dans le vodou haïtien ». Avez-vous déjà lu ce livre ? Selon vous quelle est la place de Dieu dans le vodou sachant que le peuple haïtien est croyant ?
Dieuvela : Oui j’ai lu les ouvrages de Laenec Hurbon sur le vodou. La majorité des vodouisants croient au Dieu chrétien. Ils le place au-dessus des Loas. D’autres croient seulement en un créateur suprême qui porte des noms différents selon la religion ou la nation. Dans ce contexte, les anciens vodouisants reconnaissent en DAMBALLAH et AYIDA WEDO cette énergie créatrice. Pour moi, Dieu est la source originelle, le sur-moi en chacun de nous.
11- Rachel : Parlons maintenant des dieux communément appelés « Loa ». Comment sont-ils répartis dans le panthéon du vodou haïtien ? Comment les gens peuvent-ils entretenir une relation intelligente et décente avec ces Loa ?
Dieuvela : Le mot Loa vient du terme africain Eloah qui veut dire esprit. Un Loa est un esprit, une entité spirituelle. Ils sont repartis en plusieurs catégories dans le panthéon du vodou haïtien. Il existe d’une part les Loas rada et d’autre part les Loas petro pour ce citer que ces deux branches.
12- Rachel : Pouvez-vous nous dire à quel niveau que le Vodou est utile à la société haïtienne ?
Dieuvela : Le vodou est utile à la société parce qu’il représente une alternative pour beaucoup de personnes quand il y a besoin de réconfort, de loisirs, de médecine naturelle, de défense, de protection, de connexion avec les chers défunts, ECT.
13- Rachel : Nul n’est sans savoir qu’il existe un ensemble de malfaiteurs dans le secteur. Peut-être qu’ils ne sont pas vraiment de vrais « vodouisants » selon ce que vous venez d’expliquer tantôt. Comment peut-on combattre cette débandade qui fait le déshonneur du peuple haïtien notamment la zombification qui constitue en quelque sorte un crime contre l’humanité et la continuité de l’esclavage ?
Dieuvela : Pour combattre les malfaiteurs, il faut les dénoncer et ne pas adhérer à leurs temples, à leurs pratiques malsaines.
14- Rachel : Ces dernières années, au grand étonnement de tous, on constate de plus en plus de jeunes intellectuels pratiquer publiquement le vodou. On y trouve même des Protestants qui se reconvertissent au Vodou. Comment expliquez-vous ces revirements choquants ? Est-ce pour le bien du vodou ?
Dieuvela : Mon conseil pour les jeunes amateurs du vodou : adhérez à ce qui transmet de la bonne vibration, de l’amour, de la beauté, de la sagesse et à ce qui vous relie réellement au sacré et non à la banalité. Offrez une bonne image du vodou, naturelle et respectable.
15- Rachel : Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes qui arrivent en grande quantité dans le secteur du vodou?
Dieuvela : Mon conseil pour les jeunes amateurs du vodou : adhérez à ce qui transmet de la bonne vibration, de l’amour, de la beauté, de la sagesse et à ce qui vous relie réellement au sacré et non à la banalité. Offrez une bonne image du vodou, naturelle et respectable.
16- Rachel : Comment l’État peut-il intervenir pour une pratique plus saine et plus spirituelle du Vodou ?
Dieuvela : Pour moi, c’est à chaque citoyen de jouer leur rôle. L’État c’est nous ! ( Rires ).
Rachel : Mille mercis Dieuvela pour votre entière disponibilité ?
Dieuvela : C’était un plaisir.
Née au Cap-haïtien, je suis une Haïtienne restée attachée à ma ville natale. Mon penchant particulier pour les Sciences humaines et sociales s’accorde avec mes activités professionnelles en tant que Juriste en Droit de l’homme, notamment en Droits de l’enfant et en Droits des femmes. J’ai aussi reçu une formation en Journalisme et en Psychologie positive.
Mes goûts sont prononcés pour les activités artistiques et culturelles ( théatre, peinture, artisanat, dessin, danse, musique). Je me perds souvent à admirer des tableaux ou des œuvres d’art n’importe où. A l’adolescence, il me plaisait de chanter et de jouer au théatre à l’auditorium du Collège Régina Assumpta. Les restos, les spectacles, la danse sans toutefois aimer les bals, les documentaires, la lecture constituent mes loisirs préférés. Quant à l’écriture, elle remplit ma vie, et je ne m’en lasse jamais. Le sport ne me laisse pas aussi indifférente. Je suis fan de l’équipe d’Argentine, de Lionel Messi et de Golden State Warriors/ Stephen Curry.
Au bout du compte, mon caractère fébrile m’incite aussi à m’engager dans des activités communautaires afin de participer à l’élévation des mentalités. Je reste convaincue que Haïti peut renaître de ses cendres comme le Rwanda et bien d’autres pays dont les situations socio-économiques étaient pires que la nôtre.
YON JOU LA JOU !
