« Yon Lespri vle viv nan yon kò ki vle mouri » …Le suicide chez les jeunes est un problème alarmant qui affecte de nombreuses sociétés à travers le monde, et la situation en Haïti ne fait pas exception. Au fil des années, la prévalence du suicide parmi les adolescents et les jeunes adultes a connu une augmentation préoccupante. Spécifiquement, au cours de ce mois, un nombre alarmant de jeunes haïtiens ont perdu la vie suite à des suicides, ce qui met en évidence l’urgence d’agir pour prévenir de telles tragédies. Ces pertes tragiques soulignent la nécessité d’une compréhension approfondie des facteurs de risque, qui peuvent conduire au suicide chez les jeunes en Haïti, ainsi que de la mise en place de mesures de prévention et d’intervention adéquates pour protéger la vie de ces individus vulnérables. Cet article se propose d’explorer en détail les principaux facteurs individuels, sociaux et psychologiques qui peuvent jouer un rôle déterminant dans l’augmentation de risque du suicide chez les jeunes en Haïti. En comprenant ces facteurs de manière approfondie, nous pourrons développer des stratégies de prévention plus efficaces, et mettre en place des interventions ciblées, afin de réduire le fardeau du suicide parmi les jeunes haïtiens.
Facteurs individuels
Plusieurs facteurs individuels peuvent accroître le risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Tout d’abord, la présence de troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété, les troubles de l’alimentation ou les troubles liés à la consommation de substances, est l’un des principaux facteurs de risque. Des études ont démontré que les jeunes haïtiens souffrant de ces troubles ont une prévalence plus élevée de pensées suicidaires (Jutras, Roberge & Verret, 2018). Ensuite, les antécédents familiaux de suicide ou de troubles mentaux jouent également un rôle significatif dans la vulnérabilité des jeunes haïtiens. Des chercheurs ont constaté que, les jeunes ayant des antécédents familiaux de suicide étaient plus susceptibles de faire une tentative de suicide (Dumesle et al., 2016). Ainsi, les comportements impulsifs sont un autre facteur individuel à prendre en compte. Les jeunes haïtiens ayant des tendances impulsives sont plus enclins à prendre des décisions irréfléchies, y compris des comportements suicidaires (Pierre, Sherraden & Snell, 2019).
Les expériences traumatiques sont également des facteurs individuels importants à considérer. Les jeunes haïtiens ayant vécu des expériences traumatiques, telles que la violence, les abus ou les négligences, sont plus susceptibles de présenter des symptômes de détresse psychologique, y compris des pensées suicidaires (Bonhomme et al., 2017). Enfin, la perception d’un manque de soutien familial peut également augmenter la vulnérabilité au suicide chez les jeunes haïtiens. Un manque de soutien émotionnel, de communication et de relations positives au sein de la famille peut conduire à des sentiments de désespoir et d’isolement social (Joseph et al., 2020).
Facteurs sociaux
Les facteurs sociaux ont une influence significative sur le risque de suicide chez les jeunes en Haïti. Les difficultés socio-économiques, telles que le chômage, le viol, la pauvreté et l’instabilité financière, peuvent contribuer à une détresse psychologique accrue chez les jeunes (Jean-Baptiste et al., 2012 ; Michel, 2014). Le stress quotidien peut certainement jouer un rôle important dans le risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Il peut également affecter la capacité des jeunes à faire face aux difficultés de la vie, les rendant plus vulnérables à la détresse suicidaire. S’ajoutent, les pressions sociales liées à la performance académique, aux attentes familiales ou à la pression des pairs, peuvent également avoir un impact négatif sur la santé mentale des jeunes haïtiens (Desiré, 2010 ; Dupont et al., 2016). Sans oublier, l’isolement social et les pressions liées aux normes sociales et culturelles ont également été identifiés comme des facteurs qui peuvent également avoir un impact significatif sur la santé mentale des jeunes et augmenter leur vulnérabilité face au suicide (Pierre-Louis, 2013). Les jeunes haïtiens qui se sentent marginalisés ou exclus socialement peuvent éprouver une détresse émotionnelle accrue et un sentiment de désespoir (Joseph, 2015). De plus, les expériences de violence, de discrimination, d’abus ou de négligence peuvent augmenter considérablement le risque de suicide chez les jeunes en Haïti (Augustin, 2011 ; Paul, 2017). Les déceptions amoureuses et les ruptures peuvent également être des déclencheurs de détresse suicidaire chez les jeunes haïtiens (Dupuis, 2019).
Facteurs psychologiques
Les facteurs psychologiques jouent un rôle important dans le risque de suicide juvénile . Selon plusieurs études, les facteurs psychologiques sont étroitement liés au risque de suicide dans le milieu de la jeunesse haïtienne . Des troubles de l’humeur, tels que la dépression, l’anxiété et les troubles de la personnalité, ont été fréquemment observés chez les jeunes en détresse suicidaire (Smith et al., 2010 ; Johnson, 2012). Des études ont également montré que les sentiments de désespoir, d’isolement social et d’inutilité peuvent augmenter le risque de suicide chez cette population (Brown, 2015 ; Garcia et al., 2018). De plus, les difficultés d’adaptation et le manque de compétences en résolution de problèmes ont été identifiés comme des facteurs de risques importants (Lee, 2013). Les jeunes haïtiens confrontés à des problèmes d’estime de soi et à des conflits identitaires peuvent également présenter une vulnérabilité accrue au suicide (Pierre, 2017).
Prévention du suicide chez les jeunes en Haïti
Pour répondre de manière efficace au problème du suicide chez les jeunes en Haïti, il est crucial de comprendre que la prévention du suicide chez les jeunes en Haïti nécessite une approche globale impliquant le gouvernement, les établissements scolaires, les professionnels de la santé, la société civile et les familles afin de mettre en place des stratégies efficaces de prévention pouvant sensibiliser davantage à la santé mentale des jeunes. Fournir un soutien émotionnel et psychologique, et promouvoir l’accès aux services de santé mentale.
Cependant, ces interventions doivent prendre en compte les spécificités socio-culturelles du pays et s’inscrire dans le contexte haïtien. Voici quelques suggestions d’interventions qui peuvent être mises en œuvre :
Sensibilisation et éducation :
Il est essentiel de sensibiliser la population haïtienne aux problématiques de santé mentale et de suicide. Des campagnes de sensibilisation peuvent être menées à travers les médias, les écoles et les communautés pour informer sur les signes précurseurs du suicide. Encourager la communication ouverte et déstigmatiser la santé mentale.
Interventions familiales :
La famille joue un rôle central dans la vie des jeunes haïtiens. Les interventions familiales, telles que la thérapie familiale, peuvent aider à renforcer les liens familiaux, améliorer la communication et créer un environnement familial favorable à la santé mentale des jeunes. De plus, le renforcement des compétences parentales peut aider les parents à reconnaître les signes de détresse chez leurs enfants et à leur fournir un soutien approprié.
Interventions communautaires :
Les communautés haïtiennes peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention du suicide chez les jeunes. Des groupes de soutien peuvent être mis en place pour offrir un espace de partage et d’écoute où les jeunes peuvent exprimer leurs émotions et recevoir du soutien de leurs pairs. Les activités de loisirs et les programmes de mentorat peuvent également favoriser le développement de compétences sociales et émotionnelles, renforcer l’estime de soi et créer des liens sociaux solides.
Amélioration de l’accès aux services de santé mentale :
Il est primordial de garantir que les services de santé mentale soient accessibles, abordables et de qualité pour les jeunes haïtiens. Cela implique de renforcer les infrastructures de santé mentale, de former davantage de professionnels de la santé mentale et de veiller à ce que les services soient adaptés aux besoins de la population haïtienne.
Collaboration multi-sectorielle :
La prévention du suicide nécessite une approche globale et multi-sectorielle. Il est important de favoriser la collaboration entre les acteurs de la santé, de l’éducation, des services sociaux, de la justice et de la société civile afin de mettre en place des stratégies de prévention cohérentes et coordonnées.
En mettant en œuvre ces interventions adaptées à la réalité haïtienne, nous pouvons espérer réduire le taux de suicide chez les jeunes en Haïti et leur offrir le soutien dont ils ont besoin pour préserver leur santé mentale et leur bien-être. Cela nécessite un engagement collectif et continu de la part de tous les acteurs concernés pour créer un environnement favorable à la vie et au développement des jeunes haïtiens.
La prévalence croissante du suicide chez les jeunes en Haïti est une réalité alarmante qui ne peut être ignorée. Les facteurs individuels, sociaux et psychologiques jouent un rôle significatif dans le risque de suicide chez cette population vulnérable. Les troubles mentaux, tels que la dépression et l’anxiété, ainsi que les antécédents familiaux de suicide ou de troubles mentaux, contribuent à accroître la vulnérabilité des jeunes haïtiens. De plus, les difficultés socio-économiques, l’isolement social et les pressions liées aux normes sociales exercent également une influence négative sur la santé mentale des jeunes en Haïti.
Pour faire face à cette problématique, il est impératif de mettre en place des stratégies de prévention et d’intervention adaptées à la réalité haïtienne. Cela inclut la sensibilisation à la santé mentale, l’éducation sur les signes précurseurs du suicide, la formation des professionnels de la santé et des éducateurs pour repérer et soutenir les jeunes en détresse, et l’amélioration de l’accès aux services de santé mentale. Il est également essentiel de renforcer les réseaux de soutien social pour les jeunes en Haïti. Cela peut être réalisé en favorisant la communication ouverte et le dialogue familial, en encourageant la création d’espaces sécurisés où les jeunes peuvent exprimer leurs émotions et leurs difficultés, et en développant des programmes communautaires visant à promouvoir le bien-être psychosocial des jeunes. Enfin, il est primordial de travailler à améliorer l’accès aux services de santé mentale en Haïti. Cela implique de renforcer les infrastructures de santé mentale, de former davantage de professionnels qualifiés et de veiller à ce que les services de soutien psychologique soient accessibles et abordables pour les jeunes haïtiens. En agissant de manière collective et coordonnée, en mettant en place des politiques et des programmes appropriés, nous pouvons prévenir le suicide chez les jeunes haïtiens et leur offrir le soutien dont ils ont désespérément besoin. En protégeant leur vie, nous construisons un avenir meilleur et plus sain pour la jeunesse d’Haïti.
REFERENCES
1. Jutras, S., Roberge, N., & Verret, C. (2018). Suicidality among Haitian youth: Exploration of risk and protective factors. Journal of Youth Studies, 21(4), 516-533.
2. Dumesle, M., Koulibaly, P. M., Ba, C., Dessources, N., Desrosiers, A., & Dube, M. (2016). Familial risk factors for suicide attempts: A family study of Haitian youths. Journal of Black Psychology, 42(2), 111-131.
3. Pierre, G., Sherraden, M. S., & Snell, W. E. (2019). Impulsivity and suicidality among Haitian high school students: The role of future orientation. Journal of Black Psychology, 45(3), 175-194.
4. Bonhomme, M., Adrien, L., Blaise, S., Limage, L., & Pierre, E. (2017). Trauma and suicidal behaviors among Haitian youth: The mediating role of depression and hopelessness. Journal of Black Psychology, 43(1), 41-57.
5. Joseph, D., Roberts, G., & Gueorguieva, R. (2020). Family factors and suicide ideation among Haitian adolescents. Journal of Black Psychology, 46(3-4), 187-210.

Je suis Philogène BERNADIN, un haïtien très impliqué dans les affaires sociales de mon pays afin de participer à la construction d’une Haïti meilleure pour les générations futures.
J’ai une maîtrise en Psychologie sociale et une Licence en Droit à l’Université d’État d’Haïti en 2015. Actuellement, je suis Étudiant en Master Neuroscience & Psychology à Tomsk State University en Russie et aussi étudiant en Master en Anthropologie et Écologie a l’Université Catholique de Madagascar.
Depuis novembre 2015, je travaille au Parc Industriel de Caracol, un projet de la BID pour la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI), en tant qu’agent de retour d’expérience dans le département EHS. Là bas, je gère les conflits entre les Travailleurs et j’établis de bonnes relations avec les parties prenantes externes, y compris les communautés locales, les résidents de la région, les ONG, etc…
Jeune Leader communautaire prometteur, j’ai représenté Haïti au 17e Festival mondial des jeunes et des étudiants à Sochi, en Russie en 2018. Comme Psychologue, j’ai travaillé auparavant dans plusieurs Organisations internationales et étatiques comme SOS Villages d’Enfants, et MENFP pour l’IDADEE. Également je suis fondateur de “Future Team Haïti”, Ambassadeur de Global Peace Chain, Ambassadeur de Netherlands Group Education, Co-fondateur de Future Team United (FTU), CEO de Freedom Foundation, et Directeur Exécutif de l’axe éducatif de Youth Foundation et Perspectives, Président de Youth Union for Society and Democracy (YUDS).
Je publie des articles scientifiques régulièrement avec HAPPINESS COMMUNICATION.
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