PARLER DANS SON SOMMEIL : QUAND FAUT-IL S’INQUIÉTER DU  POINT DE VUE DE LA SANTÉ MENTALE ?

Parler dans son sommeil, également connu sous le nom de somniloquie, est un  phénomène courant qui peut se produire chez n’importe qui, et à n’importe quel âge.  Pour la plupart des gens, parler dans son sommeil est sans danger et n’indique aucun  problème de santé mentale. Mais, dans certains cas, cela peut être le signe d’un trouble  du sommeil ou d’un trouble de santé mentale sous-jacent. 

La somniloquie se produit pendant la phase de sommeil paradoxal, également connue  sous le nom de sommeil REM, lorsque le cerveau est actif mais que les muscles sont  paralysés. Pendant cette phase, il est possible de parler, de crier, de pleurer ou de  bouger sans en être conscient. Pour beaucoup de gens, cela ne pose aucun problème et  n’a pas de conséquences négatives sur leur santé mentale. Pourtant, dans certains cas,  parler dans son sommeil peut être le signe d’un trouble latent du sommeil, tel que le  trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP). Le TCSP est un trouble du  sommeil dans lequel les personnes agissent leurs rêves de manière violente ou agitée,  ce qui peut inclure parler de manière incohérente ou agressive. En outre, des  recherches ont suggéré que la somniloquie peut être liée à des troubles mentaux tels  que l’anxiété, la dépression ou le stress post-traumatique. Les émotions non résolues  ou les préoccupations mentales de la journée peuvent se manifester pendant le  sommeil sous forme de paroles nocturnes. Inéluctablement, la somniloquie chez les  enfants et les adolescents est plus fréquente et généralement considérée comme une  phase normale de développement. Cela est souvent associé à des changements rapides  dans le cerveau et aux émotions liées à la croissance. 

Par ailleurs, les jeux vidéo en particulier, s’ils sont joués tard dans la soirée, peuvent  perturber le cycle de sommeil naturel. Les perturbations du sommeil peuvent être  associées à divers troubles, y compris la somniloquie. Les jeux vidéo peuvent susciter  des émotions intenses, notamment de l’excitation, du stress et de la frustration. Ces  émotions peuvent potentiellement se manifester pendant le sommeil sous forme de  paroles nocturnes. Certains jeunes utilisent les jeux vidéo comme un moyen de  soulager le stress. Or, si la somniloquie est liée au stress, il est possible que  l’engagement excessif dans les jeux vidéo, en particulier ceux qui sont stressants ou  compétitifs puisse aggraver ce problème. 

Donc, les jeunes qui passent de longues heures à jouer à des jeux vidéo peuvent avoir  des habitudes de sommeil irrégulières, ce qui peut influencer la fréquence de la  somniloquie. Certains d’entre eux peuvent également être plus susceptibles de  présenter d’autres troubles du sommeil. La somniloquie peut parfois être associée à  ces troubles. Par ailleurs, si la somniloquie persiste à l’âge adulte ou s’accompagne  d’autres signes inquiétants, une attention particulière doit être accordée à la santé  mentale, car comme on l’a déjà dit, la somniloquie est souvent associée à des facteurs  tels que le stress, l’anxiété, la dépression ou des changements significatifs dans la vie  quotidienne. Les moments de transition ou de tension émotionnelle peuvent  déclencher ce comportement, mais dans la plupart des cas, il est temporaire. Or, une  fréquence élevée de somniloquie peut être un indicateur que quelque chose de plus  profond pourrait être en jeu. Ainsi, parler dans son sommeil peut également être le  signe d’un trouble de santé mentale implicite, tel que l’anxiété, la dépression, le trouble  bipolaire ou même la schizophrénie.

Dans ces cas, la somniloquie peut être associée à d’autres symptômes tels que des  cauchemars fréquents, des troubles de l’humeur ou des hallucinations.Il est important  de noter que parler dans son sommeil seul ne constitue généralement pas un signe de  problème de santé mentale. Néanmoins, si vous ou un proche présentez d’autres  symptômes tels que des troubles du sommeil, des changements d’humeur ou des  comportements inhabituels pendant la journée, il est important de consulter un  professionnel de la santé mentale pour obtenir un diagnostic précis et un traitement  approprié. Il existe plusieurs options de traitement pour les troubles du sommeil et les  problèmes de santé mentale associés à la somniloquie, notamment la thérapie  cognitivo-comportementale, les médicaments, la thérapie par la parole, la gestion du  stress, la thérapie par l’hypnose, ou d’autres interventions adaptées à la situation  individuelle. Une approche holistique prenant en compte le bien-être mental global  est souvent privilégiée pour traiter la somniloquie et les troubles mentaux sous-jacents. Il est important de consulter un professionnel de la santé mentale pour  déterminer la meilleure approche de traitement pour votre situation spécifique. Un  psychiatre ou un psychologue peut effectuer une évaluation approfondie, explorer les  antécédents médicaux et émotionnels, et recommander des approches de traitement  adaptées.

En conclusion, parler dans son sommeil est généralement un phénomène inoffensif  qui ne nécessite pas de traitement. Bien-sûr, des signes additionnels inquiétants  peuvent indiquer le signe d’un trouble du sommeil ou d’un trouble de santé mentale plus sérieux. Il est essentiel de rester attentif aux changements dans le comportement  de somniloquie, en particulier s’ils sont associés à d’autres symptômes. Et si elle est  fréquente, accompagnée de paroles perturbantes ou associée à d’autres symptômes  tels que l’insomnie, des changements d’humeur ou des comportements inhabituels,  une évaluation professionnelle peut être nécessaire. Ainsi, les spécialistes de la santé  mentale, tels que les psychiatres et les psychologues, peuvent effectuer des évaluations  approfondies pour élucider les problèmes sous-jacents et recommander des approches  de traitement adaptées. Somme toute, il est important de reconnaître que la relation  entre la somniloquie et la santé mentale est complexe, et les causes peuvent être  multifactorielles. Promouvoir la prise de conscience autour de la santé mentale,  encourager des habitudes de sommeil saines, et offrir un soutien approprié sont des  éléments fondamentaux pour garantir un bien-être global. En continuant à explorer  ces connexions, la compréhension de la somniloquie et son impact sur la santé mentale  pourrait s’améliorer, conduisant à des approches de traitement plus efficaces et à une meilleure qualité de vie pour ceux qui sont touchés. 

Références: 

American Academy of Sleep Medicine	2014	International Classification of  Sleep Disorders. Third Edition (ICSD-3). Darien, IL: American Academy of  Sleep Medicine
Guilleminault, C., & Palombini, L.	2004	Violence liée au sommeil : un défi  médical et juridique. Médecine du Sommeil, 5(3), 289-293
Ohayon, M. M., Guilleminault, C., Priest, R. G., & Caulet, M.	1999	Frequency  of violent behaviors in sleep. Journal of Clinical Psychiatry, 60(5), 268-276.
Krakow, B., Lowry, C., Germain, A., Gaddy, L., Hollifield, M., Koss, M., &  Tandberg, D.	2000	A retrospective study on improvements in nightmares  and post-traumatic stress disorder following treatment for co-morbid sleep disordered breathing. Journal of Psychosomatic Research, 49(5), 291-298
Reynolds, C. F., Kupfer, D. J., Taska, L. S., Hoch, C. C., Sewitch, D. E., Restifo,  K., & Spiker, D. G.	1985	Apnée du sommeil dans la démence d’Alzheimer :  corrélation avec la détérioration mentale. Journal de Psychiatrie Clinique, 46(7  Pt 2), 257-261
Reynolds, C. F., Kupfer, D. J., Taska, L. S., Hoch, C. C., Sewitch, D. E., Restifo,  K., & Spiker, D. G.	1985	Sleep apnea in Alzheimer’s dementia: correlation  with mental deterioration. Journal of Clinical Psychiatry, 46(7 Pt 2), 257-261
National Sleep Foundation	2021	https://www.sleepfoundation.org/parler dans-son-sommeil.
American Academy of Sleep Medicine	2021	https://aasm.org/resources/fact-sheets/sleep-talking/
National Institute of Mental Health	2021	https://www.nimh.nih.gov/health/topics/sleep-disorders/index.shtml