L’AMITIÉ, UN LIEN HUMAIN À COMPRENDRE MIEUX

L’amitié est un lien sacré d’affection, de partage, de confiance tissé entre deux personnes à partir d’une estime partagée et d’une volonté bilatérale. En d’autres termes, pour être l’ami de quelqu’un, il faut essentiellement aimer cette personne en tant qu’être humain et manifester la volonté de rester attaché à elle. De son côté, elle doit avoir les mêmes ressentis. Par conséquent, aucun individu n’a jamais été forcé d’être l’ami de quelqu’un sans consentement, car cela a toujours été un engagement tacite et commun. Que l’on veuille ou non, l’amitié est un don divin universel, elle traverse tous les continents, tous les siècles et elle donne à la vie du sens. De plus, elle joue un rôle incontestable sur la santé physique et mentale des individus. Par exemple, le rassemblement désintéressé de tous ses amis dans les moments d’affliction apporte du réconfort et peut prévenir une dépression. De même que dans les moments de grandes joies, la présence de ses amis est pertinente. Néanmoins, les expériences décevantes en amitié sont monnaie courante dans la société haïtienne. La majorité de personnes interrogées (hommes et femmes) pour la rédaction de cet article se lamentent de leurs expériences houleuses en amitié. Ce qui porterait à croire que la plupart des amitiés dans notre milieu sont fragiles. Comprendre bien l’utilité humaine de l’amitié, les stades et les statuts de nos relations sociales est une obligation qui peut éviter bien de discordes. Fréquemment, on commet l’erreur de considérer trop tôt quelqu’un comme ami. Pourtant, si l’on classe ses relations interpersonnelles avec plus de raison, il serait difficile d’en connaître des déconvenues. Par ailleurs, malgré l’étendue du sujet, les écrivains, chercheurs, psychologues et sociologues en produisent très peu de réflexions profondes.  Tandis que la littérature sur les relations amoureuses est incommensurable. Peut-être parce qu’ils pensent que ce n’est pas trop important. Or, les chagrins d’amitié font autant de mal que les chagrins d’amour. 

En effet, dans un contexte de vulgarisation de la solidarité humaine, de la culture de la paix, du respect des droits humains, d’épanouissement personnel, les Nations unies célèbrent l’amitié à l’échelle internationale chaque 30 juillet. Ainsi, à l’occasion de cette importante journée, la plateforme Happiness Communication participera à cette commémoration par la publication de plusieurs articles sur l’amitié afin d’attirer l’attention des lecteurs sur l’importance de cultiver des relations amicales et sociales saines, durables et profitables dans leur vie. Entretemps, cet article aujourd’hui fera ressortir les fondamentaux de l’amitié dans le but d’aider les lecteurs à être plus avisés au sujet d’une vraie amitié. 

Les fondamentaux de l’amitié

Comme nous l’avons dit tantôt, l’amitié est un don universel. Quelque soit sa nationalité, son origine sociale, son origine ethnique, son économie, son âge, un individu aura toujours des amis. Même après plusieurs ruptures amicales, il en aura encore. Toutefois, ce lien n’est pas toujours aussi simple qu’on le pense. Tout comme l’amour, il a besoin de beaucoup de psychologie, parce qu’il se rapporte au comportement de deux individus différents (très souvent du même sexe) qui vont s’entendre. Énumérons les fondamentaux de l’amitié, c’est-à-dire les indispensables pour l’établissement et la confirmation d’une amitié. 

Connexion intuitive réciproque

 Il est indiscutable que la première chose qui relie deux personnes par les liens amicaux est une vibration intérieure.  Il n’existe pas d’amitié sincère sans une certaine dose d’estime naturelle l’un pour l’autre. Notez bien ici on parle d’amitié sincère parce qu’il existe aussi souvent des amitiés manipulatoires. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la proximité n’engendre pas nécessairement de l’amitié notamment si la chimie ne passe pas. En créole on dit « San m pa mache pou entèl ».  Il existe aussi des amitiés destinées ou surnaturelles, c’est-à-dire, des gens dont la synchronicité relie en dépit de leur éloignement ou du moins que la nature a mis ensemble. Par conséquent, les années, la distance, les évènements extérieurs n’ébranlent pas leur rapport. Quand ces personnes se revoient, l’amitié continue là où elle s’est interrompue. Au final, il va de soi que c’est une affection bilatérale qui rapproche deux amis. 

Confirmation des points communs 

Une autre condition incontestable pour l’établissement d’une amitié sûre, c’est l’existence des valeurs communes voire des défauts communs.  Des croyances, des loisirs, des qualités, des personnalités similaires sont des réalités sine qua non pour que deux individus se rapprochent mutuellement. Qui se ressemble s’assemble dit-on. Une étude va même plus loin pour dire que les meilleurs amis ont des points communs génétiques. Cette tendance se résume par le concept “l’homophilie sociale”. Le professeur de sociologie, et de biologie de l’évolution à l’université Yale, Nicholas Christakis et un des chercheurs de cette étude estiment que nous partageons avec une partie de nos amis jusqu’à 1 % de nos gènes proprement humains. Ce qui sous-entend que nous sommes biologiquement attiré par des individus qui nous sont semblables. Au final, nous ne sommes pas amis de certaines personnes par hasard. 

Identification de l’intérêt

La plupart du temps, les gens ont peur d’avouer qu’ils sont attirés par les autres pour un intérêt quelconque. Effectivement, il n’y a rien de mauvais à avoir un intérêt dans une amitié. Il suffit de savoir en jouir sainement et donner aussi à l’autre le bénéfice de cette amitié qui lui est due. 

Communication infaillible

Il n’y a pas de relation sans communication. Pour que deux personnes deviennent amis, ou le demeurent, il faut qu’elles puissent se communiquer. Même lorsque cette communication n’est pas régulière, elle existe quand même. De temps en temps, ces personnes savent qu’elles doivent rentrer en contact, parce que c’est un devoir.  Par ailleurs, à travers ces échanges réguliers ou pas,

les grands et les petits évènements significatifs de la vie de chacun sont notifiés l’un à l’autre. Au fait, la communication bienveillante entre deux amis sincères est identifiée par le non-jugement, la confiance, la profondeur, l’empathie, le respect.  

Réciprocité inébranlable

Parler de réciprocité dans les relations humaines, c’est aussi parler de longévité de ces relations. Que ce soit, sur le plan professionnel, amoureux ou amical, la réciprocité est fondamentale pour la durée des rapports. Chacun doit être toujours là pour l’autre quand le besoin se fait sentir. Dans le cas contraire, c’est une relation d’exploitation. Ce n’est pas pour rien qu’on dit en créole « Men ale, men vini fè zanmi dire ». 

Confiance bilatérale 

La base de toute confiance mutuelle est le non-jugement. La confiance réciproque se bâtit à partir d’une certitude de sincérité dans les échanges. Ce non-jugement dont on parle sera toujours effectif même dans le cas où l’amitié serait dissoute un jour. L’autre doit être accepté comme il est sans courir le risque d’être critiqué en son absence.

Au final, il est facile de croire que quelqu’un est un ami juste parce que nous sommes toujours ensemble. Pourtant, côtoyer tout le temps une personne ne signifie pas qu’elle est déjà notre ami. Il est important de laisser le temps et les circonstances font leur chemin et d’être attentifs aux critères essentiels pour confirmer une amitié.

RÉFÉRENCES 

– Framingham Heart Study dans la revue Proceedings of the National Academy of Science (en anglais).

– Comment se faire des amis (Carnegie DALE)

– Psychosociologie de l’amitié (Jean MAISONNEUVE)

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