Adieu Pierrot!

À Sarah, qui elle aussi est partie trop tôt.

C’est Arnold Antonin qui m’a permis de te rencontrer. Il ne m’a pas présenté à toi directement, mais en découvrant le documentaire En toute urbanité, j’ai su qu’il me fallait te chercher. Ta voix… Cette voix qui était la voie. Oui, ta voix était une route, un pont, une lumière qui m’a conduit vers toi.

Cher Pierrot,

C’est à l’aéroport de Fort Lauderdale que la nouvelle m’a atteint. J’ai attendu d’être à la plus haute altitude, là où l’air est rare et le ciel immense, pour t’écouter à nouveau. Dans mon esprit, tu disais encore de la poésie, comme tu savais si bien le faire. Car ta voix n’était pas seulement faite pour parler, elle portait la poésie, la transformait.

De toutes les œuvres que tu as offertes à nos oreilles, deux restent gravées dans ma mémoire : Ellipse de Syto Cavé et, bien sûr, Margha de René Philoctète. Ce poème où « il fallut dire à l’azur dans le bleu infini, qui le dirait au ciel, qui le dirait au firmament, qui le dirait à chaque goutte de pluie, qu’elle arroserait la terre pour que l’homme finisse par comprendre. »

Pierrot, le temps nous file entre les doigts, et toi aussi, tu as filé, mais pas sans laisser ta marque. J’ai eu le privilège de te croiser, et ces instants partagés restent précieux. Entre un verre de whisky, une cigarette – dont le goût m’échappe désormais –, et surtout la poésie, nous avons échangé ce que les mots ont de plus beau. La poésie était notre langue commune.

À l’atterrissage, je me promets d’aller retrouver cette photo, prise au restaurant Le Latanier. Il y avait Gary Augustin, Farah Martine, Georges Castera… Et toi.

En attendant qu’un jour nos chemins se croisent à nouveau, je veux te remercier. Pour ta voix. Pour ton amitié.

Repose en paix, Pierre Brisson.