Même étant une société patriarcale, la société haïtienne n’a pas toujours un regard compatissant sur le sort des hommes. Comme pour certaines femmes, bon nombre d’hommes confrontent des situations émotionnelles et familiales difficiles. Par exemple, on parle rarement des pères célibataires. Pourtant, on n’imagine pas combien d’hommes élèvent seuls leurs enfants. Ce statut irrégulier n’est pas facile à assumer puisque généralement l’éducation des enfants est une affaire naturelle pour les femmes. Plusieurs causes peuvent être à l’origine du célibat paternel. Que ce soit à cause d’un divorce, du décès de la mère des enfants, ou par choix personnel, élever un seul ou plusieurs enfants sans la présence de leur mère est une responsabilité légendaire pour un homme. Marlon est un jeune capois vivant dans le Sud de la Floride et père célibataire de deux jolies filles. C’est un bûcheur, un Père aimant et responsable. Aujourd’hui, l’équipe de HAPPINESS COMMUNICATION met le cap sur la vie des pères célibataires haïtiens que la société oublient. Marlon se met disponible pour un entretien ouvert afin d’édifier les lecteurs sur ce que confrontent les défis célibataires, leurs joies, leurs peines et leurs satisfactions.
1- Bonjour Marlon, Comment allez-vous ?
Marlon: Salut Rachel, je me porte très bien et c’est un honneur de répondre à l’invitation de HAPPINESS COMMUNICATION.
2- Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de la Plateforme HAPPINESS COMMUNICATION s’il vous plaît ?

Marlon: Je suis Marlon Ulysse, divorcé, père de deux (2) jolies petites filles. J’aime la vie, la lecture, le cinéma, les sorties entre amis et/ou famille, très attaché aux valeurs moraux, super positif et actif, ouvert et cool. Certifié en “Food Protection Manager” par ServSafe National Restauration Association. C’est dans ce domaine que j’évolue pour l’instant; mais j’ai aussi une licence en Sciences Informatique et un Master 1 en Génie logiciel.
3- À l’occasion de la fête des Pères, l’équipe de HAPPINESS COMMUNICATION a une pensée spéciale pour les pères célibataires haïtiens. Pouvez-vous nous expliquer comment êtes-vous devenu un père célibataire ?
Marlon : Oufff ! Comment suis-je devenu père celibataire ? Une longue histoire mais je vais la faire courte. Comme je l’ai mentionné plus haut, c’est suite à mon divorce et mon déménagement pour venir vivre ici aux États-Unis, c’est alors que j’ai eu la garde complète de mes filles qui ne sont pas encore des « teenagers » comme disent les americains.
4- Avec quelles émotions générales élevez-vous vos deux filles ?

Marlon : Sincèrement, je peux dire avec beaucoup de joies, d’enthousiasme et de fierté. La tâche n’est pas aussi facile surtout ce sont des filles, mais avec la communication et la confiance qu’on établit elle (la tâche) devient plus ou moins acceptable et je me sens fier vu les compliments que je reçois chaque jour venant d’autres personnes, et le rendement scolaire qu’elles me donnent. L’une d’elles a été parmi les lauréats aux concours de texte organisé par « Anthology of Poetry by Young Americans » et l’autre vient d’être médaillée aux jeux d’échecs.
5- Quels sont les plus grands défis auquel vous faites face en élevant vos deux filles ?
Marlon: La première c’était de les coiffer quand je suis venu vivre ici, j’avais personne et l’envie de les faire à la garçonne ou dread me passait par la tête, j’avais même l’habitude de « kòde cheve yo » (Rire). Mais finalement j’ai fini par trouver une personne qui s’en est chargée une ou deux fois pas mois selon le modèle et je la paie. Ensuite, c’est quand j’ai eu ma promo au boulot, mon horaire de travail était modifié, et l’une de mes filles changait d’école car elle devrait aller en secondaire (middle school), c’était vraiment une casse-tête. Je devrais commencer mon travail à 6 heures AM, prendre une pause pour aller les prendre à la maison et les emmener à l’école, car je n’aime pas le transport en commun (school bus) vu que la majorité de nos causeries se font pendant le trajet d’aller- retour de l’école, puis en soirée les reprendre car elles restent au programme d’after school. Ensuite vient la nourriture, les devoirs etc. Parfois chacune voulait quelque chose de différentes pour le lunch, il fallait trouver une entente pour satisfaire tout le monde. On a même l’habitude de tirer au hasard pour faire un choix. (Rires)
6- En Haïti, les mères célibataires ne sont jamais vraiment seules à élever un/une enfant. La majeure partie du temps, il y a toujours une grand-mère, une tante, une marraine de l’enfant, voire une voisine qui donne de l’aide à sa mère. Mais quant aux pères célibataires, on s’en fout pas mal. Trouvez-vous de l’aide dans votre entourage dans l’éducation de vos filles, surtout que vous êtes dans un pays étranger où la course à la montre est véritablement coriace?
Marlon : Dieu m’a fait grâce et je me considère comme une personne super bénie. Venant vivre aux Etats-Unis, j’ai trouvé mes 3 frères et 3 sœurs en backup pour m’aider moralement à surmonter les différents obstacles, et faciliter l’intégration des mes filles, même si on vit dans des villes et États différents, cela n’empêche pas qu’ils jouent le rôle « bwa dèyè bannann mwen », comme ça mes filles ont leurs tantes et cousines pour discuter de certaines choses, il y a une de mes petites sœurs qui est Prof de math qui est très proche d’elles. Ensuite, j’ai pas mal de bons amis pour m’aider à ouvrir certaines portes. Sans compter mes parents qui sont toujours là pour moi et les filles.
7- Qu’est-ce qui vous met en confiance en élevant seul vos enfants ? C’est-à-dire quelles sont les satisfactions dont vous êtes réellement fier ? De quoi avez-vous toujours le plus protégé vos filles ?
Marlon : Les regardant grandir confiantes d’elles, le feedback des profs et autres responsables des différentes écoles et groupes socio-culturels où mes filles y prennent part. La réalité que nous vivons de nos jours est criante où la technologie prend en grande partie la présence des parents.
8- Voulez-vous une mère pour vos enfants ? Si oui, quels sont les critères les plus importants dont vous avez besoin chez une femme pour vous aider à élever vos deux enfants ?
Marlon: C’est l’un de mes objectifs, car il y a des choses que seule une mère peut enseigner correctement à un enfant. Cependant, je tiens à ce que mes filles soient constament en contact avec leur mère. En ce qui concerne les critères, je ne suis pas trop exigeant. Je désire une personne qui croit aux valeurs morales et bibliques, qui aime les enfants et qui priorise la compréhension, le dialogue avant l’amour.
9- Comment comptez-vous gérer les crises d’adolescence vu que c’est une période délicate pour tous les parents ?
Marlon : C’est ma plus grande peur sincèrement et j’ai pas encore un schéma en tête, seulement je sais que quand le jour arrivera je le surmonterais.
10- Maintenant, on sait que le métier de parent est toujours difficile, encore plus pour ceux qui sont célibataires. Une fois devenus parents, les gens s’oublient normalement pour prendre soin de leur progéniture, négligeant ainsi leur bien-être personnel ne serait-ce pour un petit moment. Comment arrivez-vous à lâcher-prise ? c’est-à-dire à prendre soin de vous-même spécialement ?
Marlon : Ce n’est jamais facile pour un parent de faire un lâcher-prise surtout quand on est trop protecteur, célibataire et solitaire. Mais je m’arrange parfois pour avoir du temps pour moi, pour voir la vie. Parfois cela se fait sur une base de négociation avec les filles en leur promettant une promenade ou quelque chose en retour pour éviter tout dérangement pendant mes heures personnelles.
11- Existe-t-il ici une Association pour les pères célibataires où ceux-ci trouvent une aide quelconque ?
Marlon : S’il existe un, j’en ai aucune idée .
12- Quels conseils donneriez-vous aux hommes en général et aux Pères célibataires silencieux ?
Marlon : Aux hommes en général , je leur dirai de tout faire pour créer un environnement stable pour leurs enfants afin qu’ils grandissent dans l’amour et le respect. Vos progénitures doivent être vos meilleurs partenaires en tout, le dialogue et la compréhension est la base d’une éducation réussie.
Rachel: Félicitations Marlon pour votre ouverture et votre « repondong ». Vous faites du bon travail et cela peut inspirer d’autres pères célibataires.
Marlon: De rien Rachel.



Née au Cap-haïtien, je suis une Haïtienne restée attachée à ma ville natale. Mon penchant particulier pour les Sciences humaines et sociales s’accorde avec mes activités professionnelles en tant que Juriste en Droit de l’homme, notamment en Droits de l’enfant et en Droits des femmes. J’ai aussi reçu une formation en Journalisme et en Psychologie positive.
Mes goûts sont prononcés pour les activités artistiques et culturelles ( théatre, peinture, artisanat, dessin, danse, musique). Je me perds souvent à admirer des tableaux ou des œuvres d’art n’importe où. A l’adolescence, il me plaisait de chanter et de jouer au théatre à l’auditorium du Collège Régina Assumpta. Les restos, les spectacles, la danse sans toutefois aimer les bals, les documentaires, la lecture constituent mes loisirs préférés. Quant à l’écriture, elle remplit ma vie, et je ne m’en lasse jamais. Le sport ne me laisse pas aussi indifférente. Je suis fan de l’équipe d’Argentine, de Lionel Messi et de Golden State Warriors/ Stephen Curry.
Au bout du compte, mon caractère fébrile m’incite aussi à m’engager dans des activités communautaires afin de participer à l’élévation des mentalités. Je reste convaincue que Haïti peut renaître de ses cendres comme le Rwanda et bien d’autres pays dont les situations socio-économiques étaient pires que la nôtre.
YON JOU LA JOU !
One Comment
Je suis trop fière de toi Marlon et tes chouquettes restent la bénédiction de notre Seigneur. You do a Great Job 🙏🏽😘😘