Cet entretien se réalise pour le compte de HAPPINESS COMMUNICATION volet Inspiration. Le vieux couple capois STERLIN (Luc et Clogette) s’est formé par les liens du mariage le 30 août 1980, et resté soudé à travers le temps. Leur objectif commun était de ne jamais se séparer et d’avoir une famille harmonieuse où les enfants seraient fiers et heureux. C’est le premier couple qui s’est mis totalement à la disposition de la plateforme HAPPINNESS COMMUNICATION afin de parler de la longévité de leur couple, de leur bonheur de vieillir ensemble et de donner des conseils judicieux aux jeunes d’aujourd’hui. En tant que catholiques, ils recommandent aux couples de toujours prier ensemble. Qu’on le veuille ou non, la famille constitue le lieu où sont vécues les expériences les plus significatives de la vie humaine. C’est là que les enfants appelés à être des citoyens de demain modèlent leur caractère. Fonder un foyer nécessite, envers et contre tous, de l’amour inconditionnel basé sur des compromis, une confiance mutuelle, et de la patience etc… Cependant, la famille offre de grandes possibilités de bonheur et de croissance. Néanmoins, par ces temps de divorces récurrents, il est important que certains couples « Pi wouye, pi koupe » nous livrent quelques facettes importantes de leur mariage afin d’inspirer ceux dont les pas sont chancelants. L’espace Inspiration de la plateforme HAPPINESS COMMUNICATION est réservé à la publication d’histoires inspirantes. Aujourd’hui, l’équipe est totalement fière d’accueillir Clogette et Luc STERLIN.

1- Bonjour Luc, Bonjour Clogette ! Comment allez-vous?
Clogette : Nous allons bien
Luc : Ça va grâce à Dieu
2- Pouvez-vous vous présenter individuellement en peu de mots ?
Clogette : Je suis originaire de Port-au-Prince. J’ai passé ma vie conjugale au Cap-Haïtien. J’y ai élevé mes enfants et travaillé en tant que Directrice de Banque. Puis, je me suis mise à gérer notre propre entreprise de fabrication de portes et de meubles.
Luc : Je suis né au Cap-Haïtien. Je suis Médecin. Mon Épouse et moi, nous nous sommes installés dans ma ville natale où, pratiquement, nous avons vécu notre vie de couple, entourés de nos enfants.
3 a- Expliquez-nous le contexte de votre rencontre ? C’était en quelle année et où ?
Luc : Nous nous sommes rencontrés à Port-au-Prince alors que j’y étais pour mes études médicales. C’était en Janvier 1977. Je l’ai vu arriver en retard dans une salle d’examen dont j’avais la charge de la surveillance. Au seuil même de la porte, je me suis dit qu’elle était très charmante celle-là et qu’elle m’irait bien comme épouse… Ce fut ma première réflexion.
3b- Clogette, voulez-vous ajouter un souvenir aussi de votre rencontre ?
Clogette : J’arrivais toujours en retard car je travaillais et j’étudiais aussi. Après m’être installée à ma place, je contemplais ses va-et-vient et je me disais que j’aimerais bien avoir un petit mari comme lui. Je l’avais aussi surpris à me regarder à chaque fois qu’il se retournait en direction de la classe.
4- Dr. STERLIN ! Quand avez-vous réellement courtisé Clogette après votre rencontre ? Ça avait pris combien de temps ?
Luc : Je ne l’ai pas vraiment courtisée. J’ai passé plus de trois mois à la regarder, à l’admirer, à la contempler de loin. Bien entendu, profitant de ma position de surveillant, je lui avais, dès le premier jour, demandé son nom que j’aimais bien. Nos sentiments se sont confirmés quand nous nous sommes rencontrés fortuitement au seuil d’une porte. J’entrais et elle sortait. Nous avons failli nous heurter l’un contre l’autre. J’ai eu, comme elle, de fortes palpitations qui m’ont obligé (toujours comme elle) à aller m’asseoir. Elle a ainsi réalisé qu’elle était probablement amoureuse de moi aussi. Après avoir repris mes esprits, j’ai été lui parler et j’ai eu ses références téléphoniques. Trois à quatre semaines plus tard, je l’ai appelée et nous avons passé près de 4h au téléphone. Ce temps ne nous avait pas suffi car nous avons été au cinéma après l’appel. On est alors devenu amis. Et deux jours après, nous avons encore été au cinéma et nous nous sommes embrassés pour la première fois. C’était parti !
5- Après combien de temps vous êtes-vous mariés ?
Clogette : Nous avons passé trois ans avant de nous marier.
6a- Maintenant, étant donné que le mariage est une expérience plus engageante, plus sérieuse, racontez-nous comment ont été les premières années de mariage ?
Clogette : Elles ont été un peu difficiles car j’avais perdu ma Mère un mois après mon mariage. Ensuite, il fallait que je m’adapte à ma nouvelle vie dans un milieu différent et loin de mes amies. Heureusement, j’avais toujours eu le support de mon mari qui l’avait compris, qui a su être patient et toujours disponible. On allait souvent à Port-au-Prince pour revoir mes amies et me retremper. On a fait du tourisme local et visité beaucoup de coins d’Haïti.
6b- Vous voulez ajouter quelque chose ?
Luc : Pas vraiment ! Il est nécessaire de savoir ce que l’on veut. Il fallait s’organiser pour vivre et rendre son partenaire confortable avec soi.
7- Clogette ! Comment vous vous sentiez lorsque vous avez constaté pour la première fois que vous étiez enceinte?
Clogette : Oh! C’était le bonheur. Nous étions tous deux contents, super contents. L’arrivée de notre première fille que, d’ailleurs, Luc a aussi nommée Clogette, m’a consolée de mon chagrin pour ma mère. C’était un événement qui consolidait notre amour et donnait plus de sens à notre vie.
7a- Et vous Boss Luc, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Luc : La nouvelle a été très réjouissante car je désirais aussi un enfant.
8- Maintenant, il n’y a aucun mariage parfait ; quelles sont les difficultés majeures que votre couple a eu à affronter ? C’est-à-dire un ou des problèmes qui pourraient conduire à votre séparation ?
Luc : Je rends grâce à Dieu de ne nous avoir jamais mis en situation de même penser à une séparation. Nous nous étions toujours promis de nous aimer, de construire ensemble notre vie et de nous supporter mutuellement dans les difficultés. On a eu, certes, des problèmes économiques qui n’ont jamais ébranlé notre couple car on s’unissait plutôt pour les résoudre. Quand on est deux, les efforts deviennent moindres pour chacun. C’est notre philosophie.
9a- Supposons que Luc n’était pas votre mari, mais une personne ordinaire que vous côtoyez chaque jour soit à l’église ou au travail. Quelles sont les véritables valeurs que vous auriez appréciées chez lui ? (Valeur humaine, citoyenne quelconque)
Clogette : J’aime sa simplicité, sa disponibilité, sa spontanéité et son humeur badine.
9b- Même question pour vous Luc ?
Luc : Je la trouve toujours charmante, d’humeur égale et surtout très ouverte pour les échanges et la communication.
10- Quelle est la place de la sexualité dans un couple ?
Luc : La sexualité est la pièce maitresse dans un couple. Même à un âge avancé, les vieux couples jouissent bien du contact avec leur partenaire. La sexualité rapproche et conserve le couple qui, au fil du temps, développe, en toute complicité, certaines habitudes dont on ne saurait se défaire dans d’autres conditions. C’est pourquoi il faut considérer la sexualité comme le ciment de l’Union.
11- Comment arrivez-vous à gérer vos différends, parce que Lang ak dan toujou mode?
Luc : Nos différends se règlent toujours dans nos moments intimes, c’est-à-dire quand nous sommes seuls. Nous avons pris l’habitude de présenter les arguments qui appuient notre position. Cela se déroule comme un vrai procès (défense et accusation). Pour y arriver, il est nécessaire d’être sincère l’un envers l’autre, de savoir écouter et de s’avouer vaincu quand tous ses arguments ont été démontés.
12- Votre mari était préalablement Médecin, puis il s’est reconverti en Menuisier. Une reconversion professionnelle choquante et insolite pour la communauté capoise à l’époque. Comment avez-vous pris cette décision ?
Clogette : C’est une décision qui ne m’a pas surprise car je savais déjà qu’il affectionnait ce domaine. En plus, avant de se reconvertir, il en avait eu une expérience plutôt heureuse qui, déjà, promettait de ne pas être décevante s’il décidait de changer de cap. Pour ce qui concerne notre vie, nous avons toujours eu le soin de nous concerter pour toutes les décisions. Une fois que nous faisons un choix, nous devenons aveugles, sourds et muets. Donc, nous faisons fi du qu’en dira-t-on et des on-dit. C’est le meilleur moyen d’entretenir l’harmonie au sein du foyer, d’être coupables à deux de l’échec ou d’être artisans à deux du succès.
13- Selon vous, quels sont les avantages d’un couple heureux pour les enfants ?
Clogette : Plein d’avantages ! Les parents doivent servir de modèles à leurs enfants qui, même sans le vouloir, essaieront, une fois adultes, de se référer à ce qu’ils avaient vécu pour organiser leur foyer. Il est donc important de ne pas laisser transpirer les divergences en présence des enfants, de ne pas s’injurier ou se disputer. Quand le couple s’oppose à quelque chose ou propose un conseil, les enfants sont plus disposés à obéir et donc à aller dans la bonne voie indiquée par les parents. Jeunes, ils considèrent alors les parents comme des amis à qui ils n’ont aucune peine à se confier.
Luc : J’ajoute la fierté des enfants de grandir au milieu de leurs deux parents. Les enfants sont mieux équilibrés et n’hésitent pas, même adultes, à s’adresser à leurs parents pour des conseils.
14a- Avez-vous eu parfois à éprouver de la jalousie pour votre mari ?
Clogette : Peut-être au tout début de nos relations où on n’était pas encore sûr de qui ‘on avait comme partenaire. La confiance s’établit avec le temps et la constatation du comportement de l’autre.
14b- Et vous Bos Luc ?
Luc : Pas vraiment car j’accompagnais presque toujours mon épouse. Et, nous avions un franc-parler. On se disait qu’on s’aimait chaque jour, plusieurs fois dans une journée. Ces gestes ne laissaient pas de place à d’autres sentiments.
15- Que pensez-vous de ces divorces fréquents dans la société ?
Luc : La plupart des cas de divorce sont en rapport avec des carences de communication. De nos jours, les échanges au sein du couple se font de plus en plus rares avec les téléphones intelligents qui transportent les jeunes mariés loin l’un de l’autre. Chacun a son facebook ou regarde son Tik Tok. Ils passent des heures assis, tout près l’un de l’autre, sans s’adresser un mot. Ce temps aurait été utile pour les échanges qui apporteraient l’avantage de favoriser une meilleure connaissance des jeunes époux.
Clogette : Le manque de communication est la plaie qui ronge. Parfois, une simple explication aurait pu éviter la catastrophe d’un divorce. On ne peut quand même pas nier le rôle de la précarité économique du Pays. Certains couples vivent des situations difficiles qui les poussent parfois à se livrer à des pratiques immorales pour la survie. En général, ces couples ne durent pas à cause du dégoût engendré par ces écarts même circonstanciels.
16- Bon ! Maintenant, partagez avec nous les formules majeures et magiques utilisées pour protéger votre couple contre les assauts du temps ? Quels conseils donneriez-vous aux célibataires, aux jeunes couples, à la société toute entière ?
Luc :
- Prier et s’en remettre à Dieu en toutes circonstances.
- Se mettre d’accord, dès le départ, sur les objectifs à réaliser, dont le plus important serait de passer sa vie ensemble, envers et contre tous.
- Échanger en toute sincérité avec son conjoint.
- Partager joies et peines. Être deux s’avère plus efficace quand les problèmes surgissent.
- Savoir se taire et éviter, autant que possible, d’introduire une tierce personne au milieu du couple. Les divergences des jeunes mariés doivent se résoudre dans leur chambre. Les conseils d’amis aggravent le plus souvent des situations simples à corriger.
- Faire souvent l’amour et à chaque fois que l’occasion se présente, quels que soient le lieu, l’heure, pourvu que l’on se trouve à l’abri de regards indiscrets. Éviter les lieux publics !
- Instruire, sans réserve, le conjoint de ses préférences sexuelles. C’est le meilleur moyen de garantir sa satisfaction.
- Dormir nu permet de garder les bonnes relations des conjoints. C’est aussi un moyen de se libérer de toute gêne vis-à-vis de son partenaire. Par ailleurs, c’est excellent pour la circulation sanguine.
- Savoir écouter, accepter ses torts et pardonner pour la préservation du couple.
- Inclure son partenaire dans ses activités.
- Soyez aveugles, sourds et muets quand le couple décide pour son avenir. Les on-dit et les qu’en dira-t-on ne doivent pas vous influencer.
- Ayez le look qui plaît à votre conjoint.

Clogette : Luc a presque tout dit sauf qu’il faut éviter d’insulter ou de contredire son conjoint en public. C’est toujours mieux de l’appuyer même s’il a tort, quitte à le lui dire en privé ou après le moment orageux. C’était les règles d’or qui ont gardé intactes nos relations et fortifié nos sentiments à travers le temps. Ayez toujours Dieu à vos côtés !

Née au Cap-haïtien, je suis une Haïtienne restée attachée à ma ville natale. Mon penchant particulier pour les Sciences humaines et sociales s’accorde avec mes activités professionnelles en tant que Juriste en Droit de l’homme, notamment en Droits de l’enfant et en Droits des femmes. J’ai aussi reçu une formation en Journalisme et en Psychologie positive.
Mes goûts sont prononcés pour les activités artistiques et culturelles ( théatre, peinture, artisanat, dessin, danse, musique). Je me perds souvent à admirer des tableaux ou des œuvres d’art n’importe où. A l’adolescence, il me plaisait de chanter et de jouer au théatre à l’auditorium du Collège Régina Assumpta. Les restos, les spectacles, la danse sans toutefois aimer les bals, les documentaires, la lecture constituent mes loisirs préférés. Quant à l’écriture, elle remplit ma vie, et je ne m’en lasse jamais. Le sport ne me laisse pas aussi indifférente. Je suis fan de l’équipe d’Argentine, de Lionel Messi et de Golden State Warriors/ Stephen Curry.
Au bout du compte, mon caractère fébrile m’incite aussi à m’engager dans des activités communautaires afin de participer à l’élévation des mentalités. Je reste convaincue que Haïti peut renaître de ses cendres comme le Rwanda et bien d’autres pays dont les situations socio-économiques étaient pires que la nôtre.
YON JOU LA JOU !
