RACHEL SAINT JULIEN, UNE FEMME HORS NORME!

Poursuivant sans faute sa quête de Femmes haïtiennes inspirantes, l’équipe de HAPPINESS COMMUNICATION, à travers son volet inspiration, jette aujourd’hui son dévolu sur l’initiatrice même de la plateforme, Mme Rachel SAINT JULIEN, qui a accepté de s’ouvrir en nous faisant part de ses différentes activités sociales. Malgré son déménagement vers les Etats-Unis, elle garde ses nobles sentiments pour son Pays et continue d’espérer des débouchés heureux sur des perspectives de développement d’Haïti. Douée d’une intelligence implacable et pourvue d’un sens patriotique aiguisé, Rachel est une Haïtienne authentique qui met ses connaissances au service de l’évolution sociale. Malheureusement, le 15 octobre 2022, pendant la dernière session de  “peyi lòk”, elle a dû laisser le pays à pas feutrés parce qu’elle était mentalement à bout.  En dépit de la distance, elle continue sa mission et sa lutte pour le changement tout en ne cessant de croire  en une nouvelle Haïti.

1- Bonjour Rachel, Comment allez-vous ?

Rachel : On est là Doudly, on se maintient.

2- Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de la Plate forme HAPPINESS COMMUNICATION s’il vous plaît?

Rachel : Tout le monde sait que je m’appelle Rachel (Rires). Je suis originaire du Cap-Haitien.  J’ai préalablement étudié le Secrétariat Exécutif à Christ the King Secretarial School et, par la suite, j’ai fait d’autres études en sciences humaines et sociales, comme les Sciences juridiques, la Communication et la psychologie positive. Je suis la mère d’une très jolie créole.

En tant que Journaliste pour le changement social, je consacre mes  tâches à l’orientation du  comportement des auditeurs par des informations et connaissances utiles aux fins d’amélioration. Ma formation en psychologie positive renforce mes convictions professionnelles dans la pratique du positivisme. Pour le secteur juridique, je suis une fanatique zélée des droits humains, notamment les droits des femmes et les droits des enfants pour lesquels je continue à me former tout en dispensant aussi des   formations à d’autres… Je reçois actuellement une excellente formation en Best Parenting Practices avec Catholic Charity. Par ailleurs, je suis aussi une passionnée des DESC (Droits économiques sociaux et culturels). Ce groupe de droits humains est en lien direct avec la santé mentale des citoyens, auxquels ils garantissent naturellement la dignité humaine. Ce sont le droit à la sécurité sociale, le droit à l’alimentation, le droit au logement, le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit au travail, le droit à un environnement sain.  Une fois que ces droits sont bafoués dans un État, le sujet peut développer à la longue toutes sortes de problèmes de santé mentale tels que le stress, l’anxiété, la dépression, le manque d’estime de soi, la détresse psychologique poussant au suicide etc… Par ailleurs, je suis une grande cinéphile; je raffole des films d’actions, d’investigation, de psychologie, des documentaires scientifiques. Quant à la musique, n’en parlons pas, je suis une grande mélomane. J’aime manger mais je ne mange pas beaucoup (Rires) ! J’adore les fruits de mer, spécialement le poisson; j’aime les vivres aussi. Au final, je suis une personne enthousiaste qui aime vivre et prendre soin des gens.

3- Parlez-nous un peu de l’initiative « HAPPINESS COMMUNICATION » Pourquoi ce nom à une plateforme numérique ?

Rachel : Mon cher, je suis enceinte de HAPPINESS COMMUNICATION depuis plusieurs années. Mais, je l’ai accouchée cette année. Auparavant, ce n’était pas ce nom que je voulais quand j’entamais le processus d’enregistrement au Ministère du Commerce. Tous les noms que j’avais choisis avaient déjà été pris en Haïti. Puis, je me suis couchée un soir et « Happiness » m’est venu à l’esprit comme par enchantement. Cette fois-ci, l’appellation a été approuvée. J’ai bien aimé le nom par la suite. Je ne peux pas te dire pour le moment tout ce qu’on va faire avec le Projet. Mais, entretemps nous offrons des services en communication et en technologie parce que nous créons des sites internet pour des entreprises. Dès que vous avez un site internet à créer, contactez-nous. Nous publions des articles scientifiques et d’actualité.  Je dois avouer la difficulté des débuts vu l’image impeccable à présenter. Nous progressons à notre rythme. C’est très chronophage et budgétivore en même temps. Au fil du temps, ceux qui nous suivent seront témoins de nos progrès. 

4- Vous vivez désormais aux Etats-Unis à la grande surprise de beaucoup, comment expliquez-vous ce déménagement ?

Rachel: Même moi, je ne peux  expliquer ce déménagement. Menm moun fou sezi (Rires).  J’étais très attachée à Haïti. Il était très difficile pour moi de partir m’installer  ailleurs malgré que beaucoup de personnes souhaitaient me voir laisser le Pays depuis plusieurs années déjà. Depuis quelques mois, au début de 2022, j’y pensais vaguement puis je rejetais l’idée. J’ai véritablement pris la décision pendant le dernier “peyi lòk “.  J’étais épuisée mentalement avec la situation du pays ; j’étais énervée, j’avais la rage à chaque fois que j’entendais les désordres, les pillages et les saccages qui se faisaient en ville à l’occasion des manifestations. Le pillage des Lea Market était le comble pour moi. Les revendications populaires sont toujours mélangées d’aigreur et d’injustice. On n’a pas de Market au Cap. De quoi Lea Market était-il coupable ? Je voulais donc prendre une pause. Ensuite, à cette même époque de peyi lòk, le coût de la vie a connu une augmentation brutale et inconcevable. Véritablement lasse de cette situation, j’ai laissé le pays sur la pointe des pieds, le 15 octobre dernier.  Quelques proches étaient les seuls à savoir que je ne reviendrais pas. 

5- On sait que vous voyagiez beaucoup un peu partout avant votre installation définitive aux Etats-Unis, quelle différence faites-vous entre visiter et habiter un pays étranger ?

Rachel : C’est la grande question.Ma réponse risque d’être longue parce que je dois bien expliquer ce phénomène. Se 2 bagay diferan.  Yonn se maten lòt la se aswè. Quand tu es visiteur, tu ne connais pas vraiment la réalité du pays parce que tu ne fais que passer, ou vin achte, ou vin jwi lavi, ou vin vizite fanmi ak zanmi epi w tounen lakay ou. C’est quand tu y résides que tu découvres des réalités parfois choquantes. A ce moment, tu prends acte de la vérité, tu confirmes certaines choses que tu avais l’habitude d’entendre, des faits auxquels tu ne croyais pas. Tu découvres aussi le vrai visage des gens.

Je vais te dire quelque chose de bizarre. La pollution sonore et les immondices dans les rues du Cap sont aussi à l’origine de mon départ. Arrivée en terre étrangère, je me sentais débarrassée de ces problèmes. Plus de bruit par ci par là, et pas de montagne de déchets aux endroits où tu t’attendais le moins !  Vivre dans un environnement sain est l’un des droits fondamentaux de chaque individu. C’est l’une des conditions qui découragent les habitants d’un pays : L’ENVIRONNEMENT malsain. Mais, une fois arrivé sur le sol étranger, vous devez vous arranger pour vous adapter et accepter les nouvelles réalités de la vie. La première chose, c’est la nostalgie qui est incontournable. Jusqu’à présent, mon installation mentale n’est pas terminée. Je suis juste patiente avec ce processus.  Ensuite, aux Etats-Unis notamment, quand tu viens pour rester, il y a deux questions primordiales à se poser :  dans quel objectif  es tu rentré au pays ? Quel type de guide as tu pour t’orienter ? D’autres questions pas moins importantes doivent aussi te tourmenter : qui est cette personne destinée à te tenir la main pour guider tes pas et t’intégrer dans le système américain ? Quelle est sa philosophie de vie ? ki bakgwawonn li ? Eske l se yon moun sensè ? Pou konbyen tan l ap sipòte w bò kote l ? Tout dépend de qui t’oriente dans le pays ; tu risques de passer à côté à cause de conseils inappropriés ou parfois intéressés. La personne conseillère se pense souvent infaillible du fait de son ancienneté sur le terrain. J’entends tellement d’histoires en ce sens ! Cependant, si tu as la chance d’avoir un guide sincère qui t’encadre en toute honnêteté, une personne formée qui n’est pas triviale et qui a bon cœur, ta période de transition peut se passer tranquillement sans trop de difficultés.

L’immigration est un événement bouleversant dans la vie de quelqu’un. C’est nous, les haïtiens, qui prenons à la légère cette étape de notre vie. C’est un grand chambardement psychologique. Si tu n’es pas une personne consciente, beaucoup de malheurs peuvent t’arriver. D’abord, tu dois savoir que tu es dans un pays fragile, un pays avancé. Ici, tout se sait et tout est sous contrôle. Se mache sou 13 pou pa pile 14. J’espère que les haïtiens arrivés ici dans le programme de Biden se conformeront à la réalité du pays. Beaucoup d’haïtiens viennent aux Etats-Unis en gardant le même comportement tout voum se do qu’ils avaient en Haïti. Si w te sou moun Ayiti ou pa ka sou moun isi a tou.  Tu ne peux pas te permettre de voir un gros chat ici et de le capturer pour le manger comme tu avais l’habitude de le faire chez toi. w ap cho !!!!

Ensuite, presque tout change pour toi, particulièrement ton alimentation. Tu dois surveiller tes habitudes alimentaires si tu ne veux pas, à la longue, développer des maladies parce qu’il y a vraiment de quoi manger. Depi Ayisyen vini isi se touye tèt yo anba manje pou yo gwo konsa moun Ayiti a wè lavi yo chanje. La majorité des produits alimentaires ici sont chimiques.  Tu dois aussi surveiller tes dépenses parce qu’elles se font  en dollars maintenant. Les tentations d’achat sont fortes. Quand on est « just come » on doit être patient.

Je découvre qu’ici, aux Etats-Unis, les problèmes de santé mentale sont aussi graves qu’en Haïti.  Les dérangés mentaux sont nombreux, qu’il s’agisse d’Haïtiens ou d’étrangers. Mais, les haïtiens assimilent ces problèmes à la sorcellerie ou à des persécutions de satan. C’est à ne rien comprendre. Il faut faire attention à ses fréquentations paske w pa konn ki moun tèt li dwat ou pa. En quelque sorte, débarquer tête baissée aux Etats-Unis pour y rester, agité de joie seulement, sans objectif, sans  orientation et adaptation adéquates est, selon moi, risqué. De mon côté, j’essaie de m’intégrer tant bien que mal.

6- Parlez-nous de vos anciennes activités sociales que vous entreteniez au Cap-Haitien ? Les avez-vous abandonnées ? Comment se portent-elles ?

Rachel : Je n’ai pratiquement rien abandonné à part les émissions que j’animais. Je continue avec les capsules « Opinyon’m » et Jedimantal qui fonctionnent normalement. Se konnya Jedimantal Jedimantal. C’est un bon exemple quand tu as une bonne équipe. Ta présence ou ton absence ne fait pas de différence marquante. C’est ce que nos Dirigeants n’arrivent pas à faire.  Tout le monde désire être remarqué.  Si se pa yo tout bagay ap kanpe.  C’est pourquoi il n’y a jamais eu de suivi, de standardisation en rien dans ce Pays. 

7- Sans flatteries ni hypocrisies, toutes vos initiatives  sont socialement utiles ?  A quelles fins  prenez vous ces initiatives ?  Et qu’est-ce qui vous déplait le plus quand vous venez avec des idées innovatrices ?

Rachel : Écoute bien ! La cause que j’embrasse est l’éducation. Tout ce que je fais tourne autour de l’évolution mentale et sociale des gens.  L’ignorance en Haïti tue plus que le choléra, la Covid-19, les MST, le Malaria, la tuberculose etc…. En Haïti, on ne peut se permettre le luxe de critiquer les gens seulement sans les aider à évoluer. C’EST UN PEUPLE A EDUQUER ET REEDUQUER. La plupart des gens n’ont pas eu la chance de recevoir une éducation familiale adéquate, et ceci, dans toutes les couches sociales. Exemple : une mère célibataire pauvre sort depuis l’aurore  à la recherche du pain quotidien, en négligeant son ou ses enfants. Des parents de famille aisée le font aussi en allant, de bonne heure, ouvrir leurs magasins ou leurs grandes entreprises.  Ils perdent ainsi le contrôle de leur progéniture pendant leur absence. Donc, on peut trouver des enfants mal élevés partout. Ceux-ci deviendront des citoyens aux comportements malhonnêtes ou répréhensibles. D’un autre côté, tu peux avoir reçu une très bonne éducation qui, pourtant, te laisse ignorant de certains détails regardant des domaines bien précis. Ces carences sont souvent à l’origine d’erreurs professionnelles et relationnelles. On ne peut tout savoir. Donc, on ne doit pas avoir peur d’apprendre chaque jour et de partager ses connaissances humblement avec les autres. Il faut profiter de ses erreurs et des occasions d’apprendre. Par exemple, je prends continuellement des formations pour me perfectionner et j’ai un sens de l’écoute très développé pour tirer des leçons de l’expérience des aînés et même des plus jeunes.

Si tu vas sur le site Happiness Communication, tous les articles sont instructifs et édifiants à part les articles sur l’actualité. Tu ne vas pas quitter le site sans enrichir tes connaissances. Le volet « Inspiration » que j’ai initié se place dans un contexte éducatif. Chaque personne interviewée t’apprendra quand même quelque chose de nouveau de la vie. C’est pourquoi on ne publie pas n’importe quoi ; et, les textes sont  corrigés avant publication afin que les messages soient transmis  clairement et sans équivoque. Pour le moment, nous avons des textes anglais en correction avant leur publication.

Le plus déplaisant lorsque je prends des initiatives, c’est que certaines personnes n’éprouvent aucune gêne à voler les œuvres des autres. Personnellement, je crois fermement que c’est la créativité qui fait la vie. Il faut tripoter sa matière grise pour apporter de la nouveauté utile et rentable aussi. Quand tu t’assieds toute une nuit pour écrire un projet, pour matérialiser la conception d’une idée, ce sont tes fesses qui en paient les frais, parce qu’elles sont comme meurtries et anesthésiées au bout du compte.  Par la suite, tu apprends, à ta grande surprise, que quelqu’un sans aucune gêne te ravit ton initiative. C’est frustrant. Je respecte beaucoup les œuvres des autres. Pour moi, il n’y a aucune grandeur intellectuelle à voler les productions de quelqu’un ou même à jalouser le travail d’autrui.

Cependant, il est tout à fait admissible de s’inspirer d’une création déjà existante tout en apportant des idées nouvelles, susceptibles de différencier et de personnaliser son travail. A Port-au-Prince, une grande amitié a été dissoute pour une histoire pareille. L’un avait volé le Mémoire de son bon ami à partir de sa clé USB. Il avait enlevé le nom, mis le sien et s’était arrangé pour le présenter rapidement. Malheureusement, ne l’ayant pas lui-même préparé, il s’est cassé la gueule parce qu’il n’a pas pu défendre ses arguments. C’était un énorme abus. Depuis cette histoire, j’ai arrêté d’être naïve et je prends beaucoup de précautions.  Gen yon pwodwi k ap feraye sou mache a Ayiti. Se zèv yon zanmi m li ye, epi yon lòt bizismann pase men pran l kareman.

8- Quel constat faites –vous sur la situation sociopolitique en Haïti ?

Rachel : Ah ! M pa konn sa pou m ta di w ankò. Ce qui me chagrine, c’est que tu ne vois aucune action pour corriger la situation qui se dégrade chaque jour davantage. C’est le chaos actuellement à Port-au-Prince. Je ne sais plus quoi penser. La liberté laissée aux gangs est déroutante. Comment Izo peut-il réaliser son clip vidéo comme n’importe quel artiste normal, sans cagoule ? Comment Vitelhomme arrive-t-il à donner des conférences de presse défiant la PNH ?  C’est quoi l’histoire exactement ? Cela ne s’était jamais vu auparavant. Tout le monde a peur dans la Capitale.  Si quelqu’un croit que cela n’affecte pas tous les haïtiens, c’est qu’il n’a pas tous ses esprits.  Moi, je ne peux pas me détacher de l’actualité d’Haïti. Je n’arrive pas à faire ça. Ce qui m’effraie le plus, même si un jour la situation revient à la normale, les conséquences psychologiques seront lourdes. Il faut que l’équipe d’Ariel arrête cette hémorragie pour limiter les dégâts au lieu de faire des déclarations publiques arrogantes, sèches, creuses et mal à propos..  Ce n’est vraiment pas le moment.

9- Sachant que vous aimez beaucoup le Cap-Haitien qui constitue actuellement un refuge pour le reste du pays, pensez-vous que la ville est vraiment exempte de l’insécurité ?

Rachel : Avant tout, je dois dire que le Cap-Haitien ne doit rien considérer comme acquis. C’est vrai qu’il y a une certaine quiétude d’esprit quand tu y es. Mais, la Mairie et la PNH du Cap ne doivent pas s’endormir sur leurs lauriers. Les malfaiteurs essayeront toujours de poser des mauvais actes. Il revient aux Capois, en guise de prévention, de monter la garde et d’être très vigilants. Ils se doivent de collaborer avec la Police dont le serment l’engage à rester professionnelle et vraiment au service de la population. Avant d’extrapoler ce phénomène d’insécurité, tout bandit devra alors réfléchir plusieurs fois.

10- Selon vous, qu’est-ce qui empêche à la ville du Cap-Haitien d’émerger économiquement ? Qu’est-ce que les dirigeants peuvent faire pour redorer le blason de la ville ?

Rachel : Avant même de commencer, je tiens à dire que le Cap-Haitien est trop dépendant de Port-au-Prince en tout. C’est très frustrant que la deuxième ville du pays soit aussi limitée dans ses démarches. Il faut une autre approche et en finir avec cette mentalité de dépendance vis-à-vis de PAP, s’il faut espérer un certain essor économique de la zone Nord. Quand on se rend  dans une succursale d’une Institution publique ou privée,  certains services ne peuvent être dispensés car ils restent une exclusivité de PAP. Le comble, certains capois ont aussi peur des Port-au-Princiens. Depi se yon moun Pòtoprens ki ta di oubyen fè yon bagay, li pa p gen menm konsiderasyon ak si se yon moun Okap ki di l oubyen ki fè l. M pa janm ka konprann atitid sa. Tant que ces habitudes et ces réflexes persisteront, nous resterons bloqués là où nous sommes. Néanmoins, le Cap-Haitien a un énorme potentiel de développement socio-économique. Je laisse sortir une autre vérité :  il y a trop de racketteurs au Cap. Sur ce point, c’est comme Port-au-Prince.  Tout moun sou kou, tout moun bezwen rich le ou la façon. Nous savons tous que la corruption est un véritable poison contre le développement social, économique et culturel. Alors, je n’ai plus rien à ajouter. Si ces attitudes ne sont pas corrigées, même si on a le plus beau plan d’aménagement pour le Cap-Haitien se lave men siye atè.  Nap toujou nan rèv.

11- De nos jours, on assiste à l’effritement des valeurs. Le respect a quasiment disparu. Quelles en sont les causes d’après vous et comment pourrait-on y remédier?

Rachel : Doudly ! C’est dommage, le respect est le grand absent en Haïti. Ayisen pa respekte moun. Tout le monde est prêt à faire n’importe quoi à quelqu’un d’autre. Et c’est de là que la méchanceté, la médiocrité et l’incompétence s’installent, se normalisent parmi nous, s’institutionalisent à grande échelle pour asseoir l’injustice. Comme je viens de le dire, il faut continuer à éduquer les gens. Peut-être que la plupart d’entr’eux finiront par prendre conscience et se résoudront à ne pas faire ou dire n’importe quoi à son frère/sa soeur. PLIS MOUN NAN PA FÒME, PLIS LI PA GEN LIMIT. L’esprit avisé connait avant tout ses limites. Il hésite et réfléchit pour peser ses actes.

Chez nous, il existe selon moi des troubles ignorés de la personnalité très courants et responsables de comportements bizarres et même déloyaux. L’État doit mettre sur pied une politique publique pour la santé mentale en Haïti. Les Professionnels de ce secteur doivent être plus pratiques aussi, c’est-à-dire se rapprocher plus de la population en vulgarisant davantage les phénomènes mentaux. Il y a vraiment du pain sur la planche. Dès qu’il n’y a pas de respect dans les relations humaines, c’est signe que la fraternité n’existe pas entre nous. Dès qu’il n’y a pas de fraternité, c’est la loi de la jungle qui prévaut.   Le respect mutuel dans une société est extrêmement important. Il fait penser à l’empathie. Nous ne devons pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse.  Au Dannemark, on enseigne l’empathie aux écoliers.  Ce pays a bien conscience de l’importance du respect dans une société. Nous devrions parler plus de respect pour que nous ayons des relations humaines plus saines.

12- Quelle est votre plus grande faiblesse ? Comment arrivez-vous à la gérer ? Quelle est votre plus grande peur ?

Rachel : Personne n’est parfait Doudly.  Ce n’est pas parce que tu conseilles que tu n’as pas un défaut. Ça n’existe pas. Avant même de conseiller les gens, j’expérimente sur moi-même quand c’est possible. Mon véritable combat était la rancune. Je dis bien « était » parce que, auparavant, je cultivais fièrement la rancune dans mon cœur comme si c’était une qualité. Or, tu te fais du mal quand tu remues les mauvais souvenirs du passé. Si je parle de rancunes, c’est dire que j’étais vraiment très vindicative. Depi w manke m m ap pran w. E m ap pran w nan gou Jezu. Avec cette attitude, tu t’engouffres dans une spirale de mauvaises actions bien que je n’aie eu véritablement à faire grand mal à quelqu’un. Men fò m fè w yon bagay kanmenm.  Le propre de la vengeance c’est de faire plus de mal à celui qui t’a offensé. C’est grâce à la prière, aux études et aux lectures que je suis arrivée à prendre conscience de l’importance du pardon : le pardon de soi, le pardon des autres. Aujourd’hui, quand quelqu’un me joue un mauvais tour, je peux me fâcher, men depi van pase sou sa, m vag, m pa ba w regle anyen pou mwen, m pa kenbe w nan kè, m pa rann moun sèvis sa. Men se nan rèv w ap jwenn mwen ankò. Je n’oublie pas un iota. Plis w ap kenbe moun nan kè, plis w ap detwi tèt ou.  Plus tu te venges moins tu jouiras de la justice divine.  Je laisse le temps au temps parce qu’ici-bas tout se paie. Mon meilleur allié, c’est le temps. Lo que paso paso. Je dois t’avouer que cela m’avait pris des années pour m’en défaire. Il n’y a que Dieu et les imbéciles qui ne changent pas. A part cela, je suis toujours anxieuse car je m’inquiète de l’avenir que j’estime toujours incertain… Je t’épargne des détails.

Ma plus grande peur actuelle c’est que la situation socio-politique du pays continue à se dégrader.  J’entends trop de choses.  Je dois faire du sport pour m’aider dans la gestion de ma peur.

13- Laissons un peu la politique, quels sont vos passe-temps préférés ?

Rachel : Comme je te l’ai dit tantôt, je suis une grande cinéphile. Quand Versailles-ciné existait, j’y allais fréquemment. C’est très déprimant de savoir que la ville n’a plus cette salle de Cinéma.  Par ces temps qui courent, les gens ont besoin de se divertir.  Il faut penser à reprendre  le Cinéma au Cap. Maintenant, je vais profiter d’aller souvent au Cinéma. Je suis une grande mélomane aussi. J’aime écouter de la musique avec une bonne sonorisation. Ma marque de Haut-parleur préféré est le BOSE. J’écoute beaucoup du smooth Jazz, du gospel, de la musique racine et du Compas. Les Boulot VALCOURT, Réginald POLICARD, Réginald LUBIN, Emmeline MICHEL, Bethovas OBAS m’intéressent beaucoup aussi. Bizarrement, je ne suis pas fan des groupes musicaux contemporains. Je préfère plutôt Magnum Band, Tabou Combo et Tropicana. La semaine dernière, j’ai découvert la musique de Tafa Mi-solèy qui s’appelle Lakou.  Mizik sa rive sou mwen an bout bèt. C’est une musique très haïtienne. Avant je n’étais pas intéressée à cette artiste. Mais, avec cette musique m retire chapo devan l.  J’écoute souvent RAM et Boukman Eksperyans. Les musiques Racine sont extraordinaires. Autre passe-temps, j’aime les voyages d’exploration aussi.

14- Est- ce qu’il y a un film qui vous a particulièrement marqué ? avez-vous une actrice ou un acteur préféré ?

Rachel : Mes acteurs préférés sont Richard GERE, Harrison FORD, Michelle PFIFFER, Kevin Costner, Angelina JOLIE, Jennifer LOPEZ, Tyler PERRY/Madea. Il y a un ancien film de Harrison FORD tourné avec Michelle PFIFFER.  Je vous invite à le regarder. Il s’appelle APPARENCES. Tu peux avoir un mari presque parfait à la maison que tu ne connais pas vraiment dans la réalité. J’avais commencé à haïr Harrison FORD après avoir regardé ce film. Rire ! Il a tellement bien joué le rôle ! C’est un film sorti en 2000.  Un autre film qui m’a marqué encore, c’est INFIDELE avec Richard GERE et Diane LANE. Le cinéma m’a beaucoup aidée, surtout dans les travaux que je fais. J’apprends beaucoup des films surtout des histoires vraies mises en scène.

15- Pour finir envisagez-vous de revenir en Haïti un jour ? Quels sont vos projets et souhaits pour le pays ?

Rachel :  Doudly, je ne suis pas d’ici. Je suis d’Haïti.  Bien-sûr que je compte retourner vivre en Haïti un jour, mais pas dans cet état où elle est en ce moment. Là où je suis, je continuerai d’aider, de travailler à l’élévation des mentalités haïtiennes. 

J’aperçois plusieurs politiciens qui vont se porter Candidats à la présidence d’Haïti.  En vérité 3 fois, si ils ne peuvent pas garantir ces deux droits immédiatement (Le droit à la sécurité, le droit à l’alimentation) m ap di yo deplase la. En ce moment fatidique de notre histoire de peuple, les deux problèmes prioritaires à résoudre sont la sécurité et la nourriture pour le peuple. Les autres corrections viendront après.  La sécurité de la population est tributaire de la sécurité alimentaire.  Depi moun pa jwenn manje pa gen anyen l pa p fè. Chen grangou pa jwe. On n’a pas besoin d’entendre des candidats qui vont parler, parler, parler, sortir des théorèmes, des formules de mathématiques, lancer des slogans bidons, des solutions à tous les problèmes d’un coup. On a besoin d’un Président qui peut faire revenir le calme dans le pays, qui peut éliminer les gangs comme le Salvador est en train de le faire et reprendre l’agriculture. Tu sais quoi, Miami est surpeuplé maintenant. Il y a tant d’haïtiens qui rentrent CHAQUE JOUR ! Dieu seul sait combien d’haïtiens ont quitté pendant le pays lock. Y a une demande de logement en hausse en ce moment aussi. La plupart de ces gens qui quittent le pays ont laissé leur magasin, leur maison, leur terre, leurs biens, leur véhicule tout terrain quelque part en Haïti, seulement pour pouvoir respirer un peu. On ne peut pas les blâmer parce qu’ils ont le droit à la vie. Donc, LA SECURITE EN HAÏTI EST INDISCUTABLE. Notre chance est que le potentiel de développement du pays est là sauf qu’il ne peut être effectif sans une quiétude généralisée des esprits.

Au peuple haïtien, je souhaiterais vivement qu’il apprenne de ses erreurs. N’allez plus voter pour une espèce de billet de mille gourdes. Il faudra expédier dans l’abîme, d’un revers de main, ces espèces de candidats. 

Il est très tard, mais il n’est pas trop tard. YON JOU LA JOU !

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4 Comments

  • Peyi an bay degou se Domaj nap oblije kite, map viv yon moman depresif akoz desizyon sa a men finalman ou rann kont kew oblije abandone pou w Al kòmanse yon lòt kote.
    Mwen pran Plezi li w Rachel e swete w siksè lòtbo an.

    Siksè tou Ak Platfòm nan epi tout ekip lan.

  • Très. Inspirante Rachel. Je suis fière de toi. Yon jou la jou

  • Une très grande femme avec beaucoup de valeurs .

  • C’est toujours un plaisir de vous lire, Mme Rachel ! Continuez à impacter positivement !
    #YonJouLaJou

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